Statuer sur le début d’une année n’a jamais été un simple tour de calendrier. Le 1er janvier n’a pas surgi de nulle part : il est le résultat d’une série de décisions, de réformes, de résistances, bien plus mouvementées qu’il n’y paraît. Oublions l’image d’une date évidente, acceptée d’un bloc, la réalité est jalonnée de tâtonnements, de calculs politiques et de traditions parfois contradictoires.
Quand Jules César impose en 46 avant notre ère le calendrier julien, il tranche : désormais, l’année civile commencera le 1er janvier. Ce choix rompt avec des usages bien ancrés, nombreuses civilisations préféraient aligner ce passage sur le cycle du printemps ou de l’automne, selon leurs repères propres. Le calendrier romain s’impose, mais il ne balaie pas d’un revers de main la diversité des pratiques.
Des siècles plus tard, le calendrier grégorien, introduit en 1582, enfonce le clou : le 1er janvier se généralise, mais l’Europe n’adopte pas d’un même élan cette réforme. Certains royaumes traînent des pieds, d’autres résistent farouchement. Derrière l’apparente universalité de cette date, on devine les traces d’interminables négociations, d’influences religieuses persistantes et de calculs d’État.
Le 1er janvier : une date universelle, mais pas si évidente
Ce n’est qu’après bien des débats que le 1er janvier s’est imposé comme le jour du nouvel an pour la majeure partie de la planète. Loin d’une adoption spontanée et consensuelle, la date de début d’année a longtemps été source de divergences, de modifications successives et de multiples ajustements selon les époques et les pays.
Durant le XVIe siècle, le calendrier grégorien, promu par Grégoire XIII, cherche à fixer une fois pour toutes la date du nouvel an dans le monde occidental. Mais tout ne se passe pas d’un seul mouvement : la France, entre autres, tarde à s’aligner. Même si le calendrier julien avait déjà placé le début d’année au 1er janvier, au fil des siècles, certaines régions françaises ont gardé leurs habitudes. Par exemple, plusieurs provinces célébraient encore le nouvel an au 25 mars ou lors des fêtes de Pâques, multipliant ainsi les commencements officiels selon les terres et les coutumes locales.
L’épisode du calendrier républicain introduit lors de la Révolution vient brouiller encore davantage les repères. L’année y débute le 22 septembre, au moment de l’équinoxe d’automne. Une tentative audacieuse, mais qui tiendra peu : dès 1806, retour au précédent système.
À force de décisions successives, le mois de janvier devient le point de départ reconnu par la majorité des pays qui suivent le calendrier grégorien. Ce jour férié est aujourd’hui indissociable de la fête civile, mais derrière l’apparence d’une règle universelle, les tiraillements entre traditions religieuses, choix politiques et rites locaux restent perceptibles. Le premier jour de l’année n’est ainsi pas qu’un point sur le calendrier : c’est une marque ancienne de compromis, de débats et d’accords parfois difficiles à trouver.
Qui a décidé que la nouvelle année commencerait ce jour-là ?
L’origine de ce choix plonge dans l’Antiquité romaine. En 46 av. J.-C., Jules César décide que l’année civile débutera dorénavant le 1er janvier avec le calendrier julien. Ce mois, placé sous la protection de Janus, le dieu à deux visages, symbolise aussi bien la fin que le commencement. Par cette décision, César entend unifier pratiques religieuses et usages civils. Mais la réalité médiévale se montre bien plus variée : suivant les régions, l’année s’ouvre à Noël, à Pâques ou lors de l’Annonciation.
En France, l’ordre se met en place avec l’ordonnance de Roussillon promulguée par Charles IX en 1564. Ce texte vient mettre fin à la confusion en imposant, pour tout le royaume, le début d’année au 1er janvier. Il s’agit alors d’affirmer l’autorité centrale, de simplifier l’administration, mais aussi de s’inscrire dans la continuité de la Rome antique.
La réforme du calendrier grégorien à partir de 1582 par Grégoire XIII parachève ce processus. Progressivement, les pays catholiques s’alignent, corrigeant au passage les approximations du calendrier julien. Peu à peu, le 1er janvier devient la règle, qu’il s’agisse de fête civile ou de cérémonies religieuses. La Saint-Sylvestre, la circoncision de Jésus, la fête de Sainte-Marie mère de Dieu : autant de moments ancrés dans le calendrier chrétien qui confirment le choix de cette date. Ce point de départ, fruit de compromis successifs, mêle héritages antiques, stratégies politiques et volonté d’ordre administratif.
Traditions du Nouvel An à travers le monde et sens des vœux
Partout où le nouvel an est célébré le 1er janvier, la fête s’invite chez chacun, en ville comme à la campagne. Dès que minuit sonne, c’est l’heure des baisers, des feux d’artifice et des verres de champagne : le réveillon du nouvel an réunit autour de la table ou sur la piste de danse, avec cotillons multicolores et tradition du baiser sous le gui qui vient du fond des âges, symbole celtique de paix et de chance.
Les façons de fêter ce passage diffèrent d’un pays à l’autre, comme en témoignent ceux-ci :
- En Espagne, chaque coup de minuit s’accompagne de douze grains de raisin, un pour chaque mois à venir : un petit rituel qui porte chance.
- En Italie, les tables du réveillon font la part belle aux lentilles, associées à la prospérité.
- En Écosse, c’est le « first-footing » : la première personne qui franchit le seuil d’une maison le 1er janvier est censée apporter bonheur et abondance.
- En Chine, le nouvel an suit le calendrier lunaire, ce qui change la date chaque année. Les rues, les maisons, tout s’illumine alors de pétards et de dragons chatoyants.
Les vœux accompagnent inévitablement ce moment-charnière, et en France, la tradition veut qu’on les échange tout au long de janvier. Les vœux présidentiels lus à la télévision rythment ce rituel collectif, tandis que beaucoup se fixent de nouvelles résolutions, entre espoir de changement et envie de progrès. Qu’on soit attaché à tel ou tel rite, partout l’arrivée du nouvel an marque la volonté de donner du sens à ce cap, en mêlant cérémonial partagé et attentes individuelles.
Si le 1er janvier salue à présent l’ouverture officielle d’une nouvelle année pour une immense majorité, il reste le fruit d’une longue construction, bousculé par la diversité des cultures et des aspirations. Lorsque les horloges annonceront minuit, l’histoire silencieuse de cette nuit viendra, discrètement, rappeler tout ce que le temps collectif doit à l’audace, à la décision et à l’imagination humaine.